Pour
les éternels optimistes, il est possible que les écoles primaires et
secondaires reprennent du service au mois de mai. Pour les réalistes, il y a
fort à parier que l’année scolaire 2019-2020 est maintenant terminée.
Peu importe le scénario envisagé,
la 3e étape du bulletin scolaire sera soit lourdement amputée, soit
complètement annulée. Comme sa valeur représente 60 % de la note finale, il
faudra prendre une décision rapide en ce qui concerne les directives quant aux
dossiers des élèves.
Est-ce que le Québec doit imiter
l’Alberta et permettre le passage automatique à l’année suivante ?
Et si tel n’est pas le cas, j’ai
deux petites questions pour vous : qui aura à reprendre son année et
comment justifier cette décision ?
En toute humilité, je vous propose
un résumé de mes réflexions. Ce premier texte abordera les décisions à prendre
le plus rapidement possible. Le second discutera des enjeux pour la prochaine année scolaire.
À
propos des cours à distance
Des cours en ligne ne changeront
absolument rien aux orientations que le ministère de l’Éducation devra prendre
pour nos enfants et nos adolescents.
À ce propos, le communiqué récent du syndicat des
professeur.e.s de la Télé-université est révélateur : « Proposer de
remplacer l’enseignement en présentiel par l’enseignement à distance en « un
claquement de doigts », c’est répandre une conception fausse du travail
d’enseignement en général, et de l’enseignement à distance en particulier […] C’est
aussi méconnaître les spécificités de l’enseignement à distance, notamment ses
aspects pédagogiques, organisationnels et juridiques. »
Pour les rêveurs parmi nous, malgré
toutes nos bonnes intentions, ce sont (encore une fois et malheureusement) les
élèves vulnérables qui vont en prendre pour leur rhume. Pour eux, la meilleure
solution consiste à être à l’école.
À
propos de l’évaluation
Les valeurs retenues par le
ministère de l’Éducation (MEQ) dans sa Politique
d’évaluation des apprentissages constituent l’assise d’une évaluation de
qualité. Elles sont d’une importance capitale si l’on vise l’égalité des
chances et la réussite pour tous.
Le choix du MEQ « s’est donc
arrêté sur les valeurs fondamentales que sont la justice, l’égalité et
l’équité, auxquelles s’ajoutent trois valeurs instrumentales, soit la
cohérence, la rigueur et la transparence ».
Et à quoi sert l’évaluation ?
Les deux principales fonctions dans
le domaine scolaire sont l’aide à l’apprentissage (aussi appelée
formative) et la reconnaissance des compétences (aussi appelée
sommative).
Ces différentes fonctions doivent
être perçues comme complémentaires. Néanmoins, la vision ministérielle est
claire : on doit se concentrer sur l’évaluation en vue de favoriser l’apprentissage.
Plan
de match
Considérant,
- Le « risque »
pédagogique des cours en ligne qui sont ou seront implantés en catastrophe ;
- Les valeurs et les fonctions de
l’évaluation ;
- La fragilité scolaire de tous les
élèves vulnérables.
Le ministre de l’Éducation
doit :
- Annuler la 3e étape (excellente
décision d’avoir annulé les examens de juin du ministère) ;
- Donner une directive claire et
immédiate quant à la marche à suivre dans la production des bulletins finaux. (En
ce qui me concerne, j’appuie le modèle albertain)
Ces décisions nous mettront en mode
« préparation de la prochaine année scolaire ». Elles permettront de
prévoir l’organisation scolaire 2020-2021 - dont prioritairement la formation
des groupes.
Ainsi, les enseignant.e.s choisiront
leur tâche et les contrats seront distribués à tout le personnel. À compter de
ce moment, les équipes écoles pourront se mobiliser et planifier les séquences
pédagogiques afin d’optimiser les apprentissages de l’an prochain.
De plus, dans un souci de respect
des valeurs fondamentales associées à l’évaluation, le ministre de l’Éducation
doit ordonner un temps d’arrêt pour juin 2021 en ce qui concerne tous les
examens du ministère et ceux des centres de services.
Cette condition est essentielle à
une transition harmonieuse, mais elle doit s’accompagner d’une autre mesure
exceptionnelle…
Le patronat et le syndicat doivent annoncer
un statu quo en ce qui concerne la négociation de la convention collective et
reconduire celle-ci jusqu’en juin 2021.
Maintenant, place à la rentrée
2020.
Cette prochaine année scolaire sera
sous le signe des mesures adaptatives exceptionnelles.
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