vendredi 28 février 2020

Nespresso, quoi d'autre ?

Bonjour à tous,

La nouvelle de Marie-Eve Morasse, Malaise autour d'un don de 4000 cafetières aux écoles, a provoqué plusieurs réactions cette semaine.

De mon côté, c'est surtout la réaction de plusieurs enseignants sur les réseaux sociaux qui a provoqué chez moi un grand malaise.

Ce lien vous dirigera vers mon texte publié dans La Presse :

Nous ne sommes pas des panneaux publicitaires

Bonne lecture !

lundi 17 février 2020

Le complexe de Dieu


Lors de la dernière campagne électorale, sous le thème de l’éducation, François Legault a fait de la maternelle 4 ans son principal cheval de bataille. Les autres grandes promesses de son parti étaient la baisse des taxes scolaires, la valorisation de la profession enseignante et l’abolition des commissions scolaires.

Ainsi, la CAQ n’a jamais fait de mystère quant à son intention de transformer les commissions scolaires (CS) en centres de services (CS !). Pour le quidam moyen, l’opération se voulait simple et pleine de bons sens : éliminer les élections scolaires et les commissaires.

C’est donc sous cet angle que le projet a été présenté à la population. Un coup de génie afin que le projecteur reste braqué sur une cible facile.

François Legault a récemment invité l’opposition à « aller dans les centres commerciaux pour demander aux gens s’ils souhaitent conserver les élections scolaires ou non ». À l’évidence, les gens n’ont rien à foutre des commissaires et des élections scolaires. Si j’allais faire un vox pop dans un centre commercial, je suis persuadé que j’entendrais ce que le premier ministre veut entendre.

Par contre, si je posais une deuxième question du genre « est-ce que vous pouvez me nommer un seul autre élément du PL40 ? », il y a fort à parier que le peuple serait muet comme une carpe.

Bref, la disparition des élections scolaires n’est que la pointe visible de l’iceberg.

Objectif marchandisation

Il est difficile de comprendre pourquoi le ministre Roberge a accepté de travailler 9 mois sur son projet de loi 5 (maternelle 4 ans ; 8 pages, 20 articles), mais qu’il s'impatiente après à peine 4 mois de travail sur son projet de loi 40 (92 pages, 312 articles).
Comme le dit si bien Wilfried Cordeau, « le problème avec le PL40 ne réside pas que dans le fait d'abolir une structure élective. C'est surtout que, ce faisant, il fait sauter un verrou stratégique pour la poursuite et l'accélération de la marchandisation de l'éducation. La précipitation et la faiblesse des arguments qui gouvernent ce projet depuis ses origines continuent de me convaincre qu'il ne représente pour la CAQ et ses partisans non pas une fin en lui-même, mais un simple moyen pour accomplir un dessein plus radical. L'enjeu réel du PL40 n'a rien à voir avec la pertinence des élections scolaires. Il a à voir avec la marchandisation de l'éducation. »
À ce propos, une photo publiée par le ministre de l’Éducation sur sa page FB, loi 40 à la main, est particulièrement révélatrice de l’idéologie derrière ce projet de loi. En effet, un Youri Chassin tout sourire, se tient bien fièrement à la droite (quel hasard) de Jean-François Roberge.
Pour Youri Chassin, « les réformes nécessaires doivent passent (sic) par une révision complète du rôle de l'État, par une ouverture accrue envers les solutions de marché, la liberté de choix et la responsabilisation individuelle. »
Selon lui, « nos élus doivent recentrer l'État sur ses missions fondamentales […] Cela signifie, oui, éliminer des programmes complets. Également, ouvrir une partie du secteur de la santé et de l'éducation, par exemple, à la concurrence et aux entrepreneurs privés. »

Avoir la foi

Quelles sont les qualités d’un bon ministre de l’Éducation ?

Jean-François Roberge est catégorique : « Quelqu’un de déterminé, mais à l’écoute. La dernière chose dont on a besoin, c’est d’un ministre qui arrive avec des idées toutes faites et qui les implanteraient sans consulter. »

D’ailleurs, au début de son mandat, il nous informait qu’il était pressé de commencer, mais qu’il n’arrivait pas avec un bulldozer.

C’est vrai.

Monsieur Roberge est plutôt arrivé avec sa bible. Son œuvre phare intitulée Et si on réinventait l’école. Et lorsqu’on semble souffrir d’un complexe de Dieu, il devient tentant de vouloir convertir les païens. De gré ou de force.

À l’aide de son apôtre St-Youri-Chassin, quel est ce paradis que nous propose nos élus ? Un réseau d’écoles complètement autonomes, en concurrence totale les unes envers les autres.

Le gouvernement Legault donnera un an aux entreprises pour présenter un plan efficace dans l’optique d’élargir le système de consigne à toutes les bouteilles et canettes. Les nouvelles mesures devraient entrer en vigueur au cours de l’automne 2022. Des projets pilotes pourraient voir le jour dès cette année dans quelques villes.

Pendant ce temps, en éducation, inutile de réfléchir, discuter, s’entendre ou même tester le projet de loi mammouth du ministre.

Décidément, Monsieur Roberge est capable de faire des miracles. Pendant ses Noces de Cana du 7 février dernier, au bénéfice de ses fidèles, il a changé l’eau en vin. 

Alléluia !