mercredi 25 mars 2020

Pour la suite du monde en éducation (partie 1)


Pour les éternels optimistes, il est possible que les écoles primaires et secondaires reprennent du service au mois de mai. Pour les réalistes, il y a fort à parier que l’année scolaire 2019-2020 est maintenant terminée.

Peu importe le scénario envisagé, la 3e étape du bulletin scolaire sera soit lourdement amputée, soit complètement annulée. Comme sa valeur représente 60 % de la note finale, il faudra prendre une décision rapide en ce qui concerne les directives quant aux dossiers des élèves.

Est-ce que le Québec doit imiter l’Alberta et permettre le passage automatique à l’année suivante ?

Et si tel n’est pas le cas, j’ai deux petites questions pour vous : qui aura à reprendre son année et comment justifier cette décision ?

En toute humilité, je vous propose un résumé de mes réflexions. Ce premier texte abordera les décisions à prendre le plus rapidement possible. Le second discutera des enjeux pour la prochaine année scolaire.

À propos des cours à distance

Des cours en ligne ne changeront absolument rien aux orientations que le ministère de l’Éducation devra prendre pour nos enfants et nos adolescents.

À ce propos, le communiqué récent du syndicat des professeur.e.s de la Télé-université est révélateur : « Proposer de remplacer l’enseignement en présentiel par l’enseignement à distance en « un claquement de doigts », c’est répandre une conception fausse du travail d’enseignement en général, et de l’enseignement à distance en particulier […] C’est aussi méconnaître les spécificités de l’enseignement à distance, notamment ses aspects pédagogiques, organisationnels et juridiques. »

Pour les rêveurs parmi nous, malgré toutes nos bonnes intentions, ce sont (encore une fois et malheureusement) les élèves vulnérables qui vont en prendre pour leur rhume. Pour eux, la meilleure solution consiste à être à l’école.

À propos de l’évaluation

Les valeurs retenues par le ministère de l’Éducation (MEQ) dans sa Politique d’évaluation des apprentissages constituent l’assise d’une évaluation de qualité. Elles sont d’une importance capitale si l’on vise l’égalité des chances et la réussite pour tous.

Le choix du MEQ « s’est donc arrêté sur les valeurs fondamentales que sont la justice, l’égalité et l’équité, auxquelles s’ajoutent trois valeurs instrumentales, soit la cohérence, la rigueur et la transparence ».

Et à quoi sert l’évaluation ?

Les deux principales fonctions dans le domaine scolaire sont l’aide à l’apprentissage (aussi appelée formative) et la reconnaissance des compétences (aussi appelée sommative).

Ces différentes fonctions doivent être perçues comme complémentaires. Néanmoins, la vision ministérielle est claire : on doit se concentrer sur l’évaluation en vue de favoriser l’apprentissage. 

Plan de match

Considérant,
- Le « risque » pédagogique des cours en ligne qui sont ou seront implantés en catastrophe ;
- Les valeurs et les fonctions de l’évaluation ;
- La fragilité scolaire de tous les élèves vulnérables.

Le ministre de l’Éducation doit :
- Annuler la 3e étape (excellente décision d’avoir annulé les examens de juin du ministère) ;
- Donner une directive claire et immédiate quant à la marche à suivre dans la production des bulletins finaux. (En ce qui me concerne, j’appuie le modèle albertain)

Ces décisions nous mettront en mode « préparation de la prochaine année scolaire ». Elles permettront de prévoir l’organisation scolaire 2020-2021 - dont prioritairement la formation des groupes.

Ainsi, les enseignant.e.s choisiront leur tâche et les contrats seront distribués à tout le personnel. À compter de ce moment, les équipes écoles pourront se mobiliser et planifier les séquences pédagogiques afin d’optimiser les apprentissages de l’an prochain.

De plus, dans un souci de respect des valeurs fondamentales associées à l’évaluation, le ministre de l’Éducation doit ordonner un temps d’arrêt pour juin 2021 en ce qui concerne tous les examens du ministère et ceux des centres de services.

Cette condition est essentielle à une transition harmonieuse, mais elle doit s’accompagner d’une autre mesure exceptionnelle…

Le patronat et le syndicat doivent annoncer un statu quo en ce qui concerne la négociation de la convention collective et reconduire celle-ci jusqu’en juin 2021.

Maintenant, place à la rentrée 2020.

Cette prochaine année scolaire sera sous le signe des mesures adaptatives exceptionnelles.




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