mardi 19 janvier 2016

Les bienfaits de la concurrence en éducation

Pour la première fois depuis la création de mon blogue, je vous propose un article d'une autre personne. J'aurais bien aimé écrire ce texte. Il représente exactement ce que je pense de notre système d'éducation. En fait, il s'agit d'un article rédigé par Marc St-Pierre, chargé d'enseignement en administration scolaire à l'Université du Québec en Outaouais. À lire et à relire ...

Note : pour le lecteur qui désire poursuivre la réflexion, je vous suggère un complément tiré du journal Le Devoir. Il s'agit de l'article intitulé Freitag ou la nécessaire critique de l'école-marchandise

Notre système scolaire crée de l'échec
 
La concurrence en éducation est utile et donne de bons résultats, car elle pousse l'école publique à innover et à s'améliorer, en plus d'élargir les choix offerts aux parents, nous rappellent certains chroniqueurs. Mais pourquoi alors le Québec, champion canadien de l'école privée, n'affiche-t-il pas les meilleurs taux de diplomation au Canada? Pourquoi les écoles publiques de l'île de Montréal ne sont-elles pas les plus performantes au Québec puisqu'elles bénéficient d'une saine émulation avec l'école privée?

Peut-être parce que la concurrence en éducation n'est pas une bonne idée. Peut-être parce que l'émergence d'un marché de l'éducation crée plus de problèmes qu'il n'apporte de solutions; qu'il a des effets délétères sur la réussite au Québec parce qu'il creuse les écarts entre les élèves en fonction du lieu où ils vivent et des revenus de leurs parents.
 
Le déficit éducatif au Québec n'est pas conjoncturel, mais structurel. La concurrence entre les établissements et l'école privée rendue abordable grâce à un généreux financement ont favorisé le développement d'un réseau parallèle d'éducation et l'émergence au public de projets particuliers souvent sélectifs, parfois même à leur propre insu. Pour preuve, les élèves en difficulté ou issus de milieux défavorisés y sont généralement sous-représentés. Tout cela tire vers le bas les résultats scolaires et hypothèque l'avenir de ceux qui comptent parmi les plus vulnérables de notre société.
 
Notre système crée de l'échec et mine ses propres efforts, comme un quasi-noyé qui se tire vers le fond du lac en se débattant pour rester en surface. Avec les efforts et ressources consentis depuis 10 ans dans un «marché de l'éducation» qui aurait été comparable à celui de l'Ontario, nous aurions de bien meilleurs résultats. Aveuglés par la peur du nivellement par le bas, nous tirons vers le haut les plus favorisés, et vers le bas ceux qui le sont moins.
 
Je fais le constat amer que la volonté politique nécessaire pour changer cela n'existe pas. L'école publique est à risque et condamnée à une autre de ces réformes coûteuses qui papillonnera en périphérie des problèmes. Dans l'euphorie des grands changements, nos dirigeants se soulageront la conscience. On est loin de cette école que Camille Laurin aurait voulue communautaire, autonome et responsable. Pourtant, pour peu que nos politiques publiques en éducation s'appuient sur des données et des preuves vérifiées empiriquement, l'espoir pourrait renaître et le dialogue s'établir.
 
Si nos programmes d'études, la formation de nos maîtres, la façon dont on enseigne et on éduque prenaient appui sur des approches dont les effets ont été vérifiés, mesurés; si nos enseignants prenaient acte de ces connaissances et y assoyaient leur autorité et leur autonomie professionnelle, alors il y aurait une lumière au bout du tunnel. Faire réussir tous les élèves serait une incontournable responsabilité sociale portée par tous.
 
J'en suis là: rêver d'un système d'éducation à l'épreuve des ministres, des intérêts particuliers, des colporteurs de légendes pédagogiques et des petits journaux qui carburent à l'indignation, exacerbant le mépris de l'école publique et contribuant à l'exode vers le privé. Je rêve d'un gouvernement des sages en éducation, qui tirerait sa légitimité des avis éclairés et neutres d'un institut scientifique national d'éducation publique, indépendant et à l'abri des interférences politiques.
 
Je rêve pour tous les enfants du Québec d'une école publique, inclusive, communautaire où tous auraient droit gratuitement à la meilleure éducation possible, dans les meilleures conditions, toutes origines, conditions sociales ou personnelles confondues.
 
 
 

mardi 12 janvier 2016

La marchandisation de l'éducation

La valorisation de la profession (5)
La valorisation de la profession passera nécessairement par une plus grande valorisation de l'école. Comment ? Il s'agit d'un sujet complexe ...  Aujourd'hui, je vous propose un texte que j'ai écrit sur la marchandisation de l'éducation. Il me servira de préambule à l'ensemble de ma réflexion à propos de la valorisation de l'école.
Note au lecteur : au moment de l'écriture de l'article, M. Yves Bolduc était ministre de l'Éducation. Néanmoins, la même réflexion s'impose avec le ministre Blais.