jeudi 4 juin 2020

Quand le ministre se prend pour Marcel Béliveau : Surprise sur prise !

Quelles sont les qualités d’un bon ministre de l’Éducation selon Jean-François Roberge?

« Quelqu’un de déterminé, mais à l’écoute. La dernière chose dont on a besoin, c’est d’un ministre qui arrive avec des idées toutes faites et qui les implanteraient sans consulter. »

Cette belle définition, c’était avant le projet de loi sur les maternelles 4 ans et celui sur les frais scolaires. C’était surtout avant l’adoption sous bâillon du projet de loi 40.

Un projet de loi mammouth qui faisait d’ailleurs saliver Nicolas Prévost, le président de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement (FQDE). 

À l’époque, le président de la FQDE me rappelait le personnage de monsieur Burns dans la série Les Simpson… Je l’imaginais très bien agiter ses doigts tout en murmurant : « Excellent, Roberge. »

À la recherche du pouvoir

Pourquoi la FQDE était si pressée d’assister à l’adoption du projet de loi 40 ? Un mot suffit à répondre à cette question : subsidiarité.

Un mot jouissif pour le gestionnaire crédule.

Et qu’est-ce que la subsidiarité ?

Il s’agit d’un principe qui vise à privilégier le niveau inférieur d'un pouvoir de décision aussi longtemps que le niveau supérieur ne peut pas agir de manière plus efficace.

Ainsi, le ministre de l’Éducation a fait croire au réseau que les décisions se prendraient dorénavant sur le terrain par celles et ceux qui connaissent les élèves par leur nom. Que le niveau inférieur était meilleur pour prendre des décisions efficaces.

Le problème avec ce principe, c’est qu’il reste théorique. En pratique, si le niveau supérieur pense qu’il peut agir d’une manière plus efficace, le ministre a le pouvoir de se transformer en dictateur. Nous assistons alors à la naissance d’une autocratie.

Qui sème le vent récolte la tempête

Cette semaine, l’annonce des camps pédagogiques fut le coup de grâce au lien de confiance déjà fragilisé entre Jean-François Roberge et son réseau. Jamais un ministre de l’Éducation n’aura réussi à générer autant de colère.

C’est un peu comme si nous étions les éternelles victimes d’un mauvais gag de la part de Marcel Béliveau lors d’une émission de Surprise sur prise !

Quand les représentants de la grande majorité des directions des écoles du Québec montrent les crocs aussi rapidement à la suite d’une annonce, il n’y a pas de quoi rire.

Pour ces acteurs indispensables sur le terrain, c’est le jour de la marmotte depuis le début de la crise : une approche top-down par le ministère, sans respect ni considération pour son personnel. Une approche cavalière.

Quelles sont les qualités d’un bon ministre de l’Éducation ?

Il est respectueux envers le personnel des écoles. Il s’occupe de fournir des balises claires. Il laisse les acteurs sur le terrain s’occuper du reste avec leur professionnalisme habituel.

Notre sinistre de l’Éducation s’est mis les pieds dans les plats à maintes reprises depuis le 13 mars dernier. De ce fait, il tente un rattrapage de ses erreurs. Politiquement, il essaie de sauver sa peau.

À chaque fois que les centres de services scolaires réagissent à son improvisation, il y a un risque de se mettre l’opinion publique à dos.

Bref, il nous fait porter l’odieux de sa désorganisation.

Au début de son mandat, monsieur Roberge nous informait qu’il était pressé de commencer, mais qu’il n’arrivait pas avec un bulldozer.

C’est vrai.

Le maître est plutôt arrivé avec son manuel. Son œuvre phare intitulée Et si on réinventait l’école. Depuis ce jour, il tente de convertir ses élèves. De gré ou de force.

Depuis un trop long moment, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne réinvente ni l’éducation ni la politique.

 

 

 


1 commentaire:

  1. Épuisé de cette année qui ne finit plus. Je vais passer mon été en ne me reposant pas du tout (pas grave puisque tout le monde pense que je me repose depuis le 13 mars) parce que la rentrée va me trotter dans la tête en permanence. Désolé pour mes collègues qui travaillent avec des enfants en classe TSA qui doivent rouvrir leurs classes pour y faire venir des enfants qui ne comprendront pas ce changement de routine avant que l'année soit terminée et qu'ils doivent encore changer de routine. La barre était pourtant basse pour ce ministre qui arrivait après des années de mauvais ministres de l'éducation.

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