dimanche 8 mai 2016

Réponse au DG de la CS des Premières-Seigneuries

Le 29 avril dernier, je recevais, de la part de la direction d'école de mes enfants, une note importante de la Direction générale de la Commission scolaire des Premières-Seigneuries.

Le lendemain, le journal Le Soleil publiait un article intitulé Les enseignants de la CS des Premières-Seigneuries gagnent une première bataille. Cet article rapportait les mêmes propos de monsieur Serge Pelletier, directeur général de la Commission scolaire des Premières-Seigneuries.


Voici ma réponse :


À titre de père de trois enfants fréquentant une école de la Commission scolaire des Premières-Seigneuries, j’ai lu votre déclaration dans le journal, mais aussi dans le communiqué envoyé par votre organisation à tous les parents.

Selon vous, «dans ce dossier, la priorité de notre commission scolaire a toujours été de favoriser la réussite des élèves en leur assurant le maximum de temps d'apprentissage de qualité, particulièrement pour ceux à risque et en difficulté d'apprentissage. Notre conviction profonde, c'est que chaque jour de classe peut faire la différence pour la réussite des élèves.» Devant tant de vertu de votre part, j’aime à penser que mes enfants fréquentent une organisation exceptionnelle.

Néanmoins, je dois avouer que tout cela m’inquiète vivement. Vos propos soulèvent quelques interrogations. Si je comprends bien, vos employés ne partagent pas la même conviction que la vôtre ? Les enseignants ne considèrent pas la réussite des élèves comme une priorité ? Est-ce bien là l’évaluation que vous faites de votre personnel ? J’ose maintenant espérer que mes enfants réussiront à sortir indemne de cette menace pédagogique.

À titre d’enseignant, j’ai une lecture légèrement différente de la situation. Je crois que nous devons prendre les moyens nécessaires afin de favoriser la réussite des élèves non pas à l’aide d’un dossier spécifique, mais grâce à l’ensemble de nos actions. Une chose est certaine : nous réussirons si nos enfants fréquentent une école où la direction et les enseignants fondent leurs interventions éducatives sur les données probantes et les pratiques exemplaires en éducation. Comme le disait B. Rosenshine : «Show me the data !»

En parcourant la littérature scientifique, il est facile de trouver plusieurs problèmes beaucoup plus urgents à régler que la reprise de quelques jours de grève. Vous voulez des exemples ?

D’abord, selon Égide Royer (2016), «les interventions préventives dans les excellents réseaux scolaires reposent sur des liens fonctionnels établis, entre autres, entre les garderies et les écoles. De plus, on y effectue un suivi systématique des lecteurs débutants. Du personnel spécialisé intervient rapidement auprès de ceux qui présentent des difficultés. On ne laisse pas les jeunes prendre du retard. L’enseignement explicite est privilégié.»

Ensuite, selon le rapport d’un comité d’experts (2014), «dans les États où existent des commissions scolaires, les résultats des élèves s’améliorent particulièrement quand les élus et le personnel s’engagent dans des formations continues portant sur la réussite scolaire et orientent leur action vers cet objectif. Dans tous les cas, une bonne synergie entre le personnel enseignant et la direction d’établissement contribue à la réussite des élèves en créant dans l’école un climat propice à la persévérance scolaire.»

Les résultats des élèves s’améliorent aussi «lorsque la direction générale donne aux directions d’école des buts à atteindre, mais leur laisse le pouvoir de décider des moyens à mettre en place tout en leur fournissant les ressources nécessaires

Également, «le comité observe qu’au Québec, le nombre de projets particuliers sélectifs continue d’augmenter alors que, parallèlement, on fait la promotion de l’intégration des jeunes en difficulté ou handicapés en classe ordinaire, ce qui entraîne un déséquilibre dans la composition des groupes.»

Je pourrais poursuivre longuement cette série d’exemples. J’inviterais donc l’employeur et le syndicat à s’entendre sur plusieurs sujets primordiaux et à unir leurs forces. Ils deviendraient ainsi la référence au Québec. Un modèle à suivre quant à la lutte au décrochage et à la valorisation de l’éducation.

À ce propos, je médite régulièrement cette citation de Jean Béliveau : «un gagnant sait pourquoi se battre et quand céder à un compromis. Un perdant cède à un compromis quand il ne faut pas le faire et se bat pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine.»

Ma conviction profonde, monsieur Pelletier, c’est que le jour où le patronat et le syndicat travailleront ensemble à la réussite du plus grand nombre, il y aura enfin une lueur d’espoir.

 

 

 



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